Assistants familiaux: loin du tapage médiatique, nous continuons…
chronique du SAF dans la Revue "l'Assmat" avril 2019
Assistants familiaux : loin du tapage médiatique, nous
continuons…
Il aura fallu un documentaire à sensation, dénonçant les dérives d’un système de protection de
l’enfance dysfonctionnant pour que soit nommé (?) un secrétaire d’état dédié à l’enfance en
danger, que soit créé un groupe de travail sénatorial et une mission d’information à l’Assemblée
Nationale
Comme tous les acteurs de la protection de l’enfance, nous attendions de notre nouveau
secrétaire d’état, une stratégie audacieuse : l’éléphant accouche d’une souris. La proposition
de loi de B. Bourguignon portée par 160 députés de LRM empêchant les sorties sèches de l’ASE à
18 ans pour les jeunes majeurs n’est pas retenue. La députée P. Goulet réclame des « normes
protectrices » pour les pratiques professionnelles, alors qu’elles existent déjà et Françoise
Laborde soutient qu’une assistante familiale doit avoir un autre métier (sic)…
La réforme de la loi de 2016, ainsi que la feuille de route de 2015-17 portaient déjà des
avancées qu’il conviendrait de revoir. Rappelons qu’en 2016, la protection de l’enfance était le
premier motif des saisines du Défenseur des droits en matière de défense des droits de l’enfant,
alors, rien de bien nouveau !
Depuis sa création, le syndicat professionnel des assistants familiaux www.safsolidires.fr
recueille et dénonce le manque de connaissance de notre statut et le respect de son cadre
juridique complexe. Nous réclamons l’harmonisation des pratiques dans les départements, la
présomption d’innocence, une meilleure reconnaissance de notre métier
Les attentes des assistants familiaux sont fortes car nous sentons le devenir de cette
profession menacé.
Alors loin du tapage médiatique, des effets d’annonces politiques et des querelles de clocher
sur les réseaux sociaux, nous, assistants familiaux, continuons de porter, rassurer, éduquer les
enfants confiés alors qu’une majorité de départements continuent à défaire, et parfois dans
l’illégalité, les moyens accordés au placement familial.
Nous assistons médusés à l’après « pièces à conviction » car depuis, pensant sincèrement bien
faire, mais sans aucun cadre pourtant nécessaire au recueil d’une parole, des enseignants
demandent aux enfants s’ils sont maltraités dans leur famille d’accueil, tandis que d’anciens
enfants placés proposent un « balance ta famille d’accueil » sur les réseaux sociaux
Nous continuons, malgré les réductions de budgets départementaux, les absences de contrat
d’accueil, de projet pour l’enfant et de suivi des placements, malgré les manques de relais pour
nous permettre de souffler et de prendre des congés, et les contrats de travail rompus pour
éviter le paiement des indemnités de départ en retraite…
Nous continuons, sans bruit, à héberger et à aider un majeur sans contrat, nous continuons à ne
pas savoir dire non, le vendredi soir, au travailleur social fatigué et démuni qui nous propose
de pousser nos murs quand il n’a aucune autre solution de placement en urgence pour cet
ado.
Nous continuons…
Evelyne ARNAUD
Porte-parole du Syndicat National Professionnel des Assistants Familiaux