Les assistants familiaux réclament la reconnaissance de leur travail!
EXTRAITS ARTICLE DU MEDIA SOCIAL/Le Media social . fr /Longs Formats/Flore MABILLEAU15 juin 2020 (voir lien)
Après deux mois et demie de travail 24h/24h, 7 jours sur 7, dans le contexte de la pandémie de Covid-19 et du confinement, les assistants familiaux exigent une reconnaissance de leur travail, alors que les discussions autour de la réforme de leur statut ont repris…..
Des professionnels lessivés
Comme cette ancienne directrice de centre social, reconvertie il y a 10 ans, nombre des 40 000 assistants familiaux de l’Hexagone – un métier connu du grand public sous le vocable famille d’accueil – sont ressortis lessivés du confinement. Puis déboussolés par le très complexe protocole sanitaire de sortie (1).
« Certaines sont au bord du burn-out, d’autres pensent à démissionner, avance Michelle Babin, chargée de mission à la Fédération nationale des assistants familiaux (Fnaf). Avec des conjoints en télétravail, parfois des enfants porteurs de troubles du comportement, certaines situations ont été difficilement gérables »….
« Il a fallu être partout »
« Nous avons assuré notre mission et même bien plus, martèle Évelyne Arnaud, porte-parole du Syndicat professionnel des assistants familiaux (SAF Solidaires). Nous avons tenu les rôles d’infirmier, d’enseignant, de psychologue, de médiateur avec les parents, etc. Il a fallu être partout, y compris pour les enfants en situations de handicap car les instituts médico-éducatifs (IME) et les instituts thérapeutiques et pédagogiques (Itep) ont été fermés et ne sont toujours pas rouverts pour certains, ce qui est un véritable scandale ! ».
Mi-mars, la plupart des droits de visite et d’hébergement des parents ont été suspendus, les accompagnements psychologiques, orthophoniques, ou encore kinésithérapeutiques des enfants reportés. Les portes des maisons se sont refermées sur les assistants familiaux et les enfants, confinés 24h/24h, sans relais sauf exception.
Des difficultés exacerbées

À la clé, dans certains cas, une amélioration du bien-être des petits ou des jeunes (lire ci-dessous) ; dans d’autres, des situations de crise aiguës à gérer.
« Chez certains enfants pour qui le placement était déjà compliqué, le confinement a mis en exergue toutes les difficultés présentes, analyse la porte-parole du SAF Solidaires. La question de la scolarité a pu créer des conflits, parfois durs ; certains assistants familiaux ont préféré lâcher pour préserver leur relation avec les enfants »……..
Évelyne Arnaud, porte-parole du SAF Solidaires
Un suivi à distance
Comment ces travailleurs sociaux ont-ils été accompagnés durant cette période inédite ? Les services de l’aide sociale à l’enfance (ASE) ont assuré un suivi des situations à distance, essentiellement. « Dans notre département, les référents des enfants appelaient une fois par semaine, et moi, en tant que responsable, j’essayais de les joindre régulièrement pour évaluer leur moral, notamment pour celles qui avaient tendance à déprimer, ou pour qui il fallait trouver un relais en urgence », explique une conseillère enfance famille accompagnement d’un département.
Un soutien jugé insuffisant
Selon les résultats d’une enquête menée en début de confinement (2), « les relations ont été maintenues à distance avec les référents à 90 %, avec les psychologues à 56 %, et à 46 % avec les établissements spécialisés alors que 89 % des enfants confiés dans ces mêmes établissements fermés en majorité, n’avaient plus de prise en charge […] Pour 51 % des répondants ayant des employeurs publics ou privés, ces contacts ont été utiles notamment pour les soulager dans les contraintes scolaires et leur a permis d’avoir un soutien pour des situations difficiles, mais globalement les réponses et les prises en charge ont manqué pour les professionnels en difficulté ».
Des relais inégaux
Des demandes de relais ou d’aide de techniciennes de l’intervention sociale et familiale (TISF) ont été faites ici ou là, pour alléger la tâche des familles d’accueil. Quelques départements l’ont effectivement mis en place, proposant également l’appui d’auxiliaires de vie sociale ou d’éducateurs de la prévention spécialisée disponibles. « D’autres départements n’ont rien anticipé », regrette Évelyne Arnaud………..
Quelle compensation ?
La crise sanitaire a entraîné des besoins – en matériel informatique, par exemple – des frais accrus, et un investissement exceptionnel pour ces professionnels. Et en retour ? Les assistants familiaux auront-ils droit à une prime, au même titre que celle déjà promise par le gouvernement aux soignants et aux personnels des Ehpad notamment ?
« Pour les professionnels des établissements ou services relevant de la compétence et du financement intégral des collectivités, tels que pour les assistants familiaux, il est souhaité qu’un geste similaire reconnaissant leur engagement pendant la crise puisse être fait à l’initiative des départements, en lien avec les employeurs, et ce dans l’ensemble des territoires comme cela a pu déjà s’observer dans plusieurs d’entre eux », indique le cabinet du Ministre………
« C’est une honte ! »
La plupart des départements ont logiquement augmenté les montants des frais d’entretien, certains ont également annoncé des primes, de montants très variables selon les territoires. « Mais d’autres ne l’ont pas fait », observe Martine Orlak. « C’est une honte ! , tempête Évelyne Arnaud. Il y a une colère du côté des assistants familiaux qui se sentent abandonnés et méprisés ».
Les inégalités salariales et d’accompagnement professionnel pré-existantes entre chaque département se reproduisent. « Tout le monde a parlé des soignants, mais pas des assistants familiaux, qui réclament tous, et c’est complètement normal, de la reconnaissance », souffle une cadre de l’ASE.
Vers un nouveau statut ?
Un manque de reconnaissance professionnelle et salariale qui pourrait accroître les difficultés de recrutement de ces professionnels, qui se font de plus en plus rares. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles le gouvernement s’est attelé à la réforme de leur statut.
Les discussions, entamées en février, puis ajournées à cause de la pandémie, ont repris le 5 juin dernier, avec des conclusions attendues en novembre, « pour pouvoir engager ensuite la réforme concrète du statut et des conditions d’exercice », annonce le cabinet du ministre. Marie-Paule Armando espère que cette crise marquera une nouvelle ère, celle où les assistants familiaux seront considérés comme des travailleurs sociaux à part entière. Un vœu pieux ?………..
(1) Guide de recommandations du Ministère transmis le 8 mai.
(2) Enquête de l’Anamaaf, de la Fnaf et du SAF Solidaires à laquelle près de 16 % de la totalité des assistants familiaux ont répondu.