Assistant familial. « Nous écrivons une nouvelle page à l’histoire des enfants placés »
voici un article que nous voulions partager et qui fait état d'une réalité moins tapageuse! Actu.fr

« Les enfants que nous accueillons ont besoin de l’amour d’une cellule familiale », commente Anne-Laure Lepape, assistante familiale à Echauffour. Souvent malmenés par la vie, les enfants de 0 à 21 ans, confiés à des assistants familiaux par la Protection à l’enfance, écrivent, grâce aux différents dispositifs d’accueil, une nouvelle page à leur histoire.
Ces enfants sont placés à la demande d’un magistrat soit après une décision judiciaire, soit dans le cadre d’une décision administrative.
« Le placement judiciaire est ordonné par un juge suite à la dénonciation de faits de violences au sein du foyer (le numéro du Service National d’Accueil Téléphonique pour l’Enfance en Danger est le 119). Le placement administratif est quant à lui effectué avec le consentement ou à la demande des parents », explique Sandra Planchon, coordinatrice du placement familial sur le secteur de Mortagne-au-Perche, L’Aigle et Bellême, rattachée à la direction de l’enfance et des familles.
Le métier d’une vie
L’assistant familial ouvre son foyer mais également son cœur en accueillant des enfants placés. « Il faut de l’énergie, de l’amour. C’est un métier à part entière où il faut être passionné », appuie Anne-Laure Lepape.
« L’enfant fait partie intégrante de notre famille. Devenir assistant familial est d’ailleurs une décision à prendre avec nos proches ». En effet, enfants et conjoint sont impactés par ces nouveaux arrivants. « Mes enfants entretiennent une relation fraternelle avec les enfants que j’accueille. Mon mari s’implique également en construisant, par exemple, une cabane dans le jardin ».
« Chacun s’offre du temps », ajoute Anne-Laure Lepape.
L’autre aspect de la profession est la disponibilité. « Les enfants sont présents 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Il faut assurer, assumer et savoir s’organiser. Ne pas oublier les rendez-vous concernant le suivi de l’enfant. Je fais généralement 1 000 km par mois ».
La passion du métier
L’assistant familial est multicasquettes. Tour à tour, cuisinière, taxi, psychologue ou encore éducateur, « il faut savoir rester neutre mais nous ne pouvons pas être insensibles au parcours de l’enfant. Il y a forcément de l’attachement », détaille Anne-Laure Lepape. « Il faut être passionné et comprendre que cela est un vrai travail ».
« Ce métier est un véritable don de soi et de sa famille où il faut être solide psychologiquement », ajoute Sandra Planchon.
Après 5 années d’exercice, Anne-Laure Lepape se réjouit de son parcours. « Mon plus grand souhait est de voir ces enfants s’en sortir. On écrit une page de leur vie et ils écrivent une page de la nôtre. Mon fils désire plus tard devenir famille d’accueil… », conclut la jeune femme.
Audrey Ottonelli
Portrait. Changement de cap
Anne-Laure Lepape vit à Echauffour avec son mari et ses deux enfants de 7 ans et 18
mois.
La mère de famille de 37 ans a débuté sa carrière dans l’élevage équin. Titulaire d’un BEPA
élevage et d’un bac professionnel Conduite et gestion d’exploitation agricole, Anne-Laure
Lepape a travaillé pendant 14 ans dans ce domaine qui la passionnait.
A la naissance de son fils, elle a décidé de prendre un virage à 180 degrés.
« C’était le bon moment, il fallait que je passe à autre chose et que je consacre plus de
temps à mon garçon. Dans l’univers du cheval, je travaillais déjà avec des structures et
accueillais des enfants. J’ai toujours été attirée par cette jeune population qui est très
attachante ».
Le projet a été longuement mûri. « Cela faisait des années que nous en parlions avec mon
mari ». La phase de recrutement aura permis à Anne-Laure de découvrir tous les côtés de
l’accueil, le bon comme le moins bon.
Les premiers pas
Il y a 5 ans, Anne-Laure accueillait son premier enfant, un garçon de 6 ans qui restera dans
la famille pendant 3 ans.
Aujourd’hui, après avoir accueilli 5 enfants en « permanent* » et une dizaine en
« relais* », la jeune femme est plus forte.
« Au départ, nous ne nous imaginons pas tous les aléas du métier. Nous pensons que l’enfant
s’adaptera à notre famille mais finalement c’est nous qui nous adaptons à l’enfant
accueilli ».
« Toutes les histoires sont différentes. Ces enfants cabossés ont besoin de protection,
d’affection et d’attention mais également de cadre. Et c’est ce que nous, assistants
familiaux, essayons de leur apporter ».
Des enfants différents
Certains placements sont difficiles. Certains enfants ont des troubles liés à la violence
psychologique ou physique. « Nous devons nous adapter et nous remettre en question sans
cesse ».
Anne-Laure Lepape rappelle que l’objectif de son métier est que l’enfant placé retourne
auprès des siens. « Le service départemental accompagne d’ailleurs les parents dans leur
parentalité et leur permet d’assumer mieux leur rôle. Il aide également à résoudre le
problème qui a conduit au placement ».
*L’enfant placé en
accueil permanent est présent tous les jours.
L’assistant familial a cependant le droit à des jours de congé.
*L’accueil en relais permet ainsi à un assistant familial de poser ses vacances. L’enfant
sera alors confié à un autre assistant familial ou pourra, selon les conditions, retourner
au domicile de ses parents.